La Fashion Revolution
Le 24 avril c’est…. Mon anniversaire, youpi !
Non plus sérieusement, si mon anniversaire est le 24 avril, ce n’est pas cela qui fait que cette journée est incroyablement importante.
La date du « 24 avril 2013 », te dit quelque-chose ? Ou bien « Rana Plaza » ? Ou tout simplement « Fashion Revolution » ?
Le 24 avril 2013, j’étais étudiante en mode, et cette date-là a été le coup de grâce sur ma vision du monde.
Au Bangladesh, 1138 travailleurs sont tués et plus de 2000 sont blessés lors de l’effondrement d’une usine textile. La quantité était tellement énorme que l’information n’arrivait pas à percuter mon cerveau.
Alors oui, c’était ça le résultat de la fabrication des vêtements dans ces pays lointains ? C’était dans ces conditions qu’étaient réalisés les habits que je portais au quotidien, sans y accorder vraiment de valeur ? C’était ça le prix à payer pour que des occidentaux puissent jouir de tenues si peu cher ? Une fois ma formation terminée, j’allais donc perpétuer ce schéma ?
J’étais abattue. Pourquoi continuer d’étudier dans ces conditions ? Comment faire pour empêcher ça ?
Au fil des jours, le bilan des corps retrouvés sans vie s’alourdissait et les informations passaient en boucles les images des décombres et des familles en pleurs.
A côté de ça, on nous expliquait les raisons de ce drame, comme quoi c’est un cas rarissime (malgré les négligences continues dans les autres usines), que l’on cherchait à changer tout ça, à améliorer les conditions de travail, que les entreprises coupables allaient payer….
Le feu s’adoucit un peu. Rien ne change vraiment, et finalement, les coupables continuent leur projet comme si ne rien n’était….
Pourtant, dans les décombres, l’espoir avait fini par germer. Par ce drame, la réalité de l’industrie du textile avait pu percer les écrans, et toucher des personnes qui n’imaginaient pas un seul instant l’ampleur de sa dangerosité.
Si certains ont oublié cette date, pour d’autres, elle est devenue un emblème. Le symbole d’une lutte pour un monde plus juste : la Fashion Revolution.
Nous sommes en 2022, 9 ans se sont écoulés depuis ce drame… et qu’en est-il maintenant ?
Des camps de travaux forcés où sont exploités les Ouïghour ont été découverts… La COVID a encore plus précarisé la situation des ouvriers des usines textiles… et c’est toujours le même type d’entreprises qui est incriminé…
Ces conditions de travail ne sont qu’une facette des méfaits de l’industrie de la mode, et de la fast-fashion en particulier… Mais il ne faut pas oublier aussi la pollution due à la production des vêtements, les difficultés rencontrées pour gérer leur fin de vie, la surconsommation…
Grâce à la Fashion Revolution, de plus en plus d’initiatives sont mises en œuvre par ces entreprises, comme les labels écologiques et la seconde main.
Cependant, mieux vaut garder un peu d’esprit critique et de curiosité avant de faire confiances à ces démarches ! En effet, il s’agit bien souvent plus de greenwashing dans le but de continuer à produire et vendre en quantité, plutôt qu’une réelle préoccupation sociale et environnementale…
Voici quelques exemples :
– Certains de ces labels sont indépendants, donc n’ont pas une valeur reconnue et certifiée.
– Les étiquettes sont souvent trompeuses, avec de jolis logos dans les tons verts et des mots comme « bio », mais une composition mélangeant beaucoup de matières synthétiques et un très faible pourcentage de matières naturelles.
– Certains labels ne couvrent qu’une partie de la chaine de production. Est-ce vraiment respectueux d’avoir un vêtement en coton bio, mais réalisé dans des conditions humaines déplorables ?
– Dans la plus part des cas, les entreprises qui reprennent les anciens articles pour les proposer en seconde-main n’achètent pas vraiment les vêtements aux clients. Ils se contentent de leur offrir un bon de réduction valable dans leurs boutiques.
Face à tous ces débordements, la commission Européenne a formulé des propositions.
Elle souhaite que la durée de vie des articles textiles soit plus longue, mais aussi qu’ils soient recyclables.
Il est aussi question d’interdire pour de bon la destruction des invendus, ainsi que l’utilisation de substances dangereuses.
Elle souhaite aussi imposer dans la composition un seuil minimum de matières recyclées, et bien sûr, de veiller à une production réalisée dans le respect des droits sociaux et de l’environnement.
N’oublions pas que choisir à qui on donne notre argent, c’est choisir quel monde nous voulons construire !
Pour en savoir plus, n’hésite pas à consulter ces liens :
http://www.ranaplaza.be/
https://www.fashionrevolution.org/europe/france/
https://ethique-sur-etiquette.org/
https://www.i-boycott.org/campaigns/nike-l-esclavage-ouighour-on-accepte-2
Je t’invite également à lire ces articles « La mode responsable : la grande question du prix » et « Les soldes : la valeur des produits est biaisée »